LACAUNE LES BAINS AU FIL DES SIECLES
Appartenant aux terres du Haut-Languedoc, Lacaune possède un patrimoine riche d'histoire et de culture dû à la succession des périodes historiques, des origines à l'époque
contemporaine, qui ont laissé des traces et ont permis à Lacaune de s'enrichir : le néolithique, la Gaule, l'occupation romaine, le Moyen-Age, les guerres de religion, la Révolution
Française, le 19ème siècle qui verra enfin l'ouverture sur l'extérieur et le 20ème siècle marqué par les deux guerres mondiales et l'essor économique.
Origine du nom LACAUNE : qui vient du latin Cauna-ae voulant dire grotte caverne.
L'origine de la ville de LACAUNE est, à n'en pas douter, fort ancienne et ses premiers habitants connus semblent avoir été les Tectosages, peuple de la Gaule Celtique. Mais,
bien avant les Gaulois, il est certain que notre contrée fut habitée par un autre peuple, ainsi qu'en témoigne la présence de nombreux mégalithes qui, selon les scientifiques, ont été
façonnés et dressés il y a plus de 4000 ans vers la fin du Néolithique Supérieur, à l'aube de l'Age du Bronze. La région de Lacaune compte la plus importante concentration de
statues-menhirs en Europe.
Intégrée à la Province Narbonnaise en 118 avant JC, Lacaune conserve de l'occupation romaine une voie antique reliant Béziers à Cahors.
LE "LIVRE VERT" DE LACAUNE
L'histoire de Lacaune s'éclaire au Moyen-Age, à la lumière des textes qui nous ont été transmis. Le plus important d'entre eux est le LIVRE VERT, manuscrit composé de 78
chartes des 13ème et 14ème siècles émanant du pouvoir seigneurial ou royal. Il est conservé précieusement à l'Hôtel de Ville de Lacaune. A noter que l'un de ces textes, daté de 1336,
réglemente la profession des Mazeliers, ancêtres de nos salaisonniers d'aujourd'hui. Son administration était confiée à 4 Consuls, élus chaque année.
Ce sont les questions religieuses qui domineront au cours des périodes suivantes : Croisade contre les Albigeois, Guerre de 100 ans, affrontements entre Huguenots et Catholiques. La
révocation de l'Edit de Nantes entraînera le départ de la cité des plus grandes familles protestantes et le déclin de son économie.
Lacaune traversera la Révolution Française de 1789 avec un certain fatalisme. De la rédaction des cahiers de doléances, aucune hostilité envers le pouvoir royal ou le clergé ne se
manifeste. Des prêtres réfractaires ont même trouvé refuge dans la région et bénéficié du soutien de la population. L'échafaud n'a été dressé qu'une seule fois, le 30 septembre 1793,
jour où fut guillotiné Jacques Bonnet, pour activités contre-révolutionnaires, incitation à la désobéissance et provocations.
TRUFFAUT ET "L'ENFANT SAUVAGE"
Nous ne pouvons terminer le 18ème siècle sans évoquer l'incroyable histoire de " l'Enfant Sauvage ", enfant trouvé en 1798 par un groupe de paysans dans les bois de la Bassine, près
de Lacaune.
Exposé sur la place publique, cet enfant, surnommé " Joseph " par les Lacaunais, parvint à s'enfuir pour gagner les bois de Roquecezière, dans le département voisin de l'Aveyron. Là,
il fut une nouvelle fois capturé et confié aux soins de l'Abbé Bonaterre, de Rodez.
Sur ordre du Ministère de l'Intérieur, il fut conduit à Paris et placé à l'Institut des Sourds et Muets. C'est là qu'il fut baptisé " Victor " et qualifié d'Enfant Sauvage de
l'Aveyron.
Il fut pris sous la protection du professeur Itard, qui étudia son comportement.
En Juillet 1811, Victor et sa gouvernante s'installèrent au 4 impasse des Feuillantines à Paris. Madame Hugo, épouse du grand Victor Hugo, et ses enfants s'installèrent au n°12 de la
même rue.
Malgré les soins attentifs qui lui furent prodigués, et sans que ses facultés intellectuelles ne se soient beaucoup développées, Victor mourut au cours de l'hiver 1828, dans les bras
de Mme Guérin.
Il fut enterré à la fosse commune.
Cette histoire a été rendue célèbre par le cinéaste François Truffaut, dans le film, " Victor, l'Enfant Sauvage de l'Aveyron ". Partez à l'aventure sur "les traces de l'Enfant
Sauvage", un sentier de découverte pour petits et grands ou faites "en suivant l'Enfant Sauvage" une randonnée de 3 jours.
LACAUNE SE DESENCLAVE ET FAIT PARLER D'ELLE
Au 19ème siècle, Lacaune est essentiellement une bourgade rurale et isolée, où la majorité des habitants vit dans des conditions particulièrement difficiles. L'arrivée du chemin de
fer sortira peu à peu la commune de son isolement, malgré une vive opposition au début. Néanmoins, la ligne Castres-Lacaune-Murat, commencée en 1905, sera terminée en 1911 et le "
Petit-Train ", ainsi nommé par opposition au " Grand-Train " que l'on prenait à Castres, modifiera considérablement la physionomie de la Montagne. Le " Petit-Train " constitue, à n'en
pas douter, le point de départ de la prospérité actuelle.
Parallèlement au développement des moyens de communication, le tourisme va également connaître un essor sans précédent, grâce à l'ouverture de la station thermale. La source
thermale de " Bel-Air ", déjà utilisée sous l'occupation romaine (une piscine gallo-romaine fut mise à jour en 1609), fit l'objet de plusieurs tentatives d'exploitation tout au
long du 19ème siècle. François Fourès obtint la concession des droits d'eau et fit édifier sur les lieux un bâtiment thermal composé de 2 piscines, 2 chauffoirs et 32 baignoires. Mais
les autorisations ministérielles se faisant attendre, la station ne put réellement démarrer.
Il fallut attendre 1874, date d'acquisition de la source et des bâtiments par le Comte Ludovic de Naurois, pour qu'enfin toutes les autorisations soient délivrées. La station
thermale connut alors son apogée dans les années 1890. Les curistes, issus des classes les plus aisées, venaient du Bas-Languedoc prendre les eaux à Lacaune. Hélas, des difficultés de
gestion se firent jour vers 1912 et la guerre de 1914, déclarée juste au début de la saison estivale, précipita la décadence de l'établissement.
>Une organisation américaine loua les bâtiments pour accueillir des enfants évacués des zones occupées. A la fin des hostilités, c'en était fini des thermes de Lacaune et
l'établissement fut reconverti en préventorium, prit le nom de " Saint-Michel " et accueillit jusqu'à 300 enfants.
Le passé thermal de la commune, dont il ne reste que le nom - Lacaune-les-Bains - est resté fortement gravé dans la mémoire collective. Aujourd'hui, le domaine Saint-Michel est
propriété de la commune. En 2005, l'Espace des Sources Chaudes a ouvert ses portes. C'est un complexe aqualudique qui a la particularité d'être alimenté par une eau de source
naturellement chauffée. La municipalité a implanté sur le site un parc ludique d'habitat et de loisirs, comprenant des châlets (HLL) et un camping.
LACAUNE ET LES DEUX GUERRES MONDIALES
La première guerre mondiale eut des conséquences dramatiques, puisque 125 jeunes Lacaunais furent tués entre 1914 et 1918, sans compter un grand nombre de blessés et d'invalides ;
dramatiques également furent les conséquences dans les exploitations agricoles et surtout la démographie des années suivantes.
La seconde guerre mondiale n'en fut pas moins terrible, la commune ayant été le théâtre de douloureux événements. Ainsi, dès 1942, Lacaune devint un lieu d'assignation à résidence
surveillée pour les Juifs, de nationalité étrangère pour la plupart. Au total, 648 personnes, dont 520 adultes et 128 enfants, furent assignés et deux rafles sont opérées, le 26 août
1942 et le 20 février 1943. 119 Juifs, dont 22 enfants, furent arrêtés et déportés. Il n'y a eu aucun survivant. Le " Mémorial de la Déportation des Juifs de Lacaune ",
inauguré le 17 avril 1999, témoigne de cette tragédie.
De même, le relief montagnard de la région permettra l'installation d'un réseau de Résistance très actif, intégré au Corps Francs de la Montagne Noire. Le 22 avril 1944, de
violents combats éclateront entre le Maquis et une colonne allemande. Le bilan sera lourd : de nombreuses pertes côté allemand mais surtout 5 jeunes résistants tués, un homme âgé et
sourd exécuté pour n'avoir pas entendu les sommations d'une patrouille et 2 jeunes agriculteurs du hameau de Sagnens arrêtés : tous deux sont morts en déportation.
LES SALAISONS DE LACAUNE, ENTRE PATRIMOINE ET FORCE ECONOMIQUE
Pour terminer ce bref aperçu historique, il est essentiel de parler de l'évolution de la salaison, aujourd'hui principale force économique de Lacaune. L'histoire nous apprend que
déjà, au temps des Gaulois, l'élevage du porc, nourri de plantes, de racines, de glands et de fruits sauvages, était fort répandu dans nos montagnes et que la viande de porc
constituait l'essentiel de l'alimentation de nos ancêtres. Cette tradition se perpétua tout au long du Moyen-Age et les Mazeliers, qui traitaient toutes sortes de viandes, se
spécialisèrent vite dans la viande de porc, en raison de l'altitude élevée, du climat frais et de la turbulence des vents qui en permettaient le séchage.
Les premiers échanges de produits ont été effectués avec le " Pays-Bas ", ou Bas-Languedoc, où les jambons de Lacaune jouissaient d'une grande réputation. C'est vers le milieu du
19ème siècle que ces échanges s'intensifièrent au moment où le développement de la viticulture en Languedoc fit appel à une large main d'œuvre issue de la Montagne.
>D'abord familiale et activité d'appoint, la charcuterie a rapidement évolué entre les deux guerres, pour devenir vers les années 50 une activité économique à part entière, grâce à
la généralisation des techniques de conservation par le froid.
L'épopée de la charcuterie de Lacaune est aujourd'hui retracée dans la " Maison de la Charcuterie ", véritable vitrine du savoir-faire Lacaunais.
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